Créée en 1914 par le colonisateur afin de stabiliser les produits de consommation, la Caisse de compensation est aujourd’hui, de l’avis des spécialistes, dépassée. Puisque – contrairement à sa mission initiale – elle profite peu aux ménages nécessiteux. D’où l’obligation de revoir sa mission et ses prérogatives. Vivement la réforme.
Le ministre chargé des Affaires économiques et générales, Nizar Baraka, a été interpellé, mardi 25 décembre à la Chambre des conseillers, au sujet de la Caisse de compensation. Sans détour ni ambages, N. Baraka a reconnu la nécessité de «réviser le système de compensation actuel pour le rendre plus efficace et de le doter, à moyen terme, de mécanismes afin d’apporter une aide directe aux citoyens nécessiteux».
La déclaration du ministre rejoint l’avis unanimement partagé par nombreux spécialistes qui estiment que la Caisse de compensation est dépassée dans le Maroc d’aujourd’hui. Cet instrument étatique, hérité de la période du protectorat, ne répond pas à sa mission initiale qui consiste à aider le consommateur final et en particulier les nécessiteux.
Un avis que défend Saad Belghazi, chercheur et professeur d’économie. Dans une déclaration à Al Bayane blog, il met le doigt sur la plaie et situe la principale anomalie du système de compensation.
«La mission de la Caisse de compensation et de stabiliser les prix, pas de les subventionner», tranche-t-il d’emblée.
Faut-il rappeler que la Caisse de compensation est déficitaire de plusieurs milliards de centimes. Et que l’hémorragie n’est pas près de s’arrêter. Surtout avec la flambée des produits pétroliers durant l’année en cours. Cet organisme, rattachée directement au ministère chargé des Affaires économiques et générales, a été invité à compenser cette hausse vertigineuse pour ne pas la répercuter sur le consommateur.
Au titre du budget 2008, le coût de subvention devra atteindre 20 milliards de dirhams, soit les deux tiers du budget d’investissement.
«Un montant inacceptable qui grève le budget de l’Etat», reconnaît Nizar Baraka.
Saâd Belghazi abonde dans le même sens. Il estime, en effet, que la politique de compensation crée un grand déséquilibre budgétaire. Comme remède, il préconise de procéder à une politique de ciblage. «Si l’on doit aider les ménages nécessiteux, il y a intérêt à savoir qui aider.»
On estime par ailleurs que la Caisse de compensation doit se redéployer sur un autre terrain pour mieux accomplir sa mission. Habitat, infrastructures de base, etc., sont autant de domaines où le besoin se fait sentir. Il en va de même pour d’autres projets sociaux où les ménages à faible revenu ont bigrement besoin de soutien, d’aide. Ces ménages, estime-t-on, sont facilement identifiables. À moins que l’on impose la déclaration de revenus – comme le préconise Saâd Belghazi.